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Pour ce nouvel article, on s’attaque à un sujet assez controversé : le brassage à façon. Cette pratique – d’ailleurs très courante en Belgique et de plus en plus en France – permet à quiconque d’élaborer sa propre recette de bière pour ensuite la brasser sur le matériel d’une brasserie tierce. Cela donne naissance à des bières que l’on rencontre souvent sans même en avoir conscience. 

Cependant, comme toute pratique, on y retrouve des avantages comme des inconvénients. On vous explique ! 

Le brassage à façon : une bonne pratique d’amorçage. 

Avant toute chose, le brassage à façon reste une excellente pratique d’amorçage dans l’immense – et compétitif – secteur brassicole. Tous les brasseurs et brasseuses ne possèdent pas le matériel de brassage adéquat dès leurs débuts. C’est pour cela que le brassage à façon est idéal dans l’attente d’un matériel conséquent, afin de lancer la production en toute sécurité. Ainsi, cela permet de faire du chiffre d’affaires, de développer son image auprès des professionnels et des consommateurs, mais également de tester le marché et la réception de ses produits : chose plus qu’indispensable ! 

De la même manière, le brassage à façon peut être très intéressant lorsque l’on possède peu de moyens financiers. Cette pratique permet de lancer sa marque tout en évitant de lourds investissements. Ne pas avoir de brasserie a tout de même ses aspects positifs : pas de matériel, pas de bâtiment, et donc pour finir : une réduction drastique de l’investissement et des charges, notamment les remboursements d’emprunts… CQFD ! En bref, le brassage à façon permet de bénéficier de matériel que l’on ne pourrait pas se payer, tout en profitant de l’expertise d’un brasseur expérimenté, d’une brasserie qui tourne, avec des process bien souvent garants d’une qualité professionnelle, alors que l’on est soit même encore en rodage.  

Enfin, c’est une pratique nettement moins engageante qu’une brasserie de modèle traditionnel ! Si l’on ne s’y plait pas : on passe à autre chose.  

Toutefois, tout n’est pas tout rose au pays du brassage à façon. Avant de s’engager dans cette voie, il faut avoir conscience des inconvénients particulièrement pesants à long terme. 

Le brassage à façon : une fausse bonne idée de long terme. 

Malgré des avantages multiples, le brassage à façon induit un manque de souplesse dans la production. En effet, il sera difficile – voire impossible – de produire des bières éphémères ou de répondre à des demandes imprévues : tout n’est pas permis avec le matériel du voisin, qui vous rentrera dans son planning de prod’ sans beaucoup de souplesse ! Dans ce sens, lorsque l’on brasse à façon, on est tributaire d’un tiers pour absolument tout : la qualité du produit, la poursuite de l’activité… Soyez alors vigilent en ce qui concerne votre choix de prestataire ! Si celui-ci vous plante, vous êtes dans de sales draps. Aussi, n’oubliez pas de tout contractualiser ! 

Une telle méthode de production fait aussi fondre votre marge par rapport à une bière produite vous-même. Et ce pour une raison simple : vous êtes revendeur d’un produit déjà transformé. Achetée autour de 3€HT le litre, la bière perd nettement en rentabilité, sauf à faire énormément de volume. Mais ça n’est pas la vocation de ce modèle, dont on atteint ici les limites !  

Enfin, le brassage à façon peut nuire à votre image de marque ! En effet, difficile de jouer la carte du local si on fait produire chez un brasseur dans le département ou la région voisine ; idem, plus délicat de jouer la carte de l’artisan producteur quand on fait brasser par un autre. Si ce défaut d’image peut être nul ou presque pour le consommateur, il est en revanche assez prégnant dans le cénacle professionnel. En effet, le brassage à façon est souvent mal vu par les brasseurs « traditionnels », qui possèdent leur propre matériel. Certains événements professionnels ou festivals sont, par exemple, interdits aux brasseurs à façon.  

Le brassage à façon : une pratique intéressante à court terme. 

Vous l’aurez compris, le brassage à façon est donc une pratique intéressante à court terme – en attendant de recevoir votre matériel, par exemple – pour toute brasserie en lancement : c’est un moyen de lancer la production en toute sécurité, de limiter les charges, de bénéficier du matériel et de l’expertise d’un pair… Mais cette pratique induit également des inconvénients à moyen et long terme qui ne peuvent être négligés : manque de souplesse dans la production, marge moindre, image de marque assez peu flatteuse et une dépendance de la brasserie tierce.  

En bref : c’est un moyen de prendre la température dans le petit bain avant d’aller faire des longueurs dans le grand bassin ! 

Marion Blocklet

Cheffe de projet chez EBC Originaire du Nord de la France et fière de son patrimoine, Marion a suivi le renouveau de la filière brassicole de très près. Diplômée d’un Master de l’Université de Lille, elle maîtrise les grands sujets de la filière brassicole et ses enjeux territoriaux. Comme Clémence, elle gère l’opérationnel pour nos clients.

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