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Paradoxe : une pratique courante et croissante, mais des chiffres inexistants.

Le brassage amateur – pratique visant à brasser de la bière chez soi ou dans un cadre de loisir – est de plus en plus répandu en France, notamment grâce à la Révolution brassicole qui balaye l’Hexagone d’un vent de créativité depuis les années 2010. La bière n’est plus ringarde, fade ou délaissée. Elle est branchée, pétillante et acclamée partout en France. Autrefois considérée comme un simple apéritif, elle est aujourd’hui un véritable produit de dégustation de premier plan ! C’est cette Révolution brassicole qui inspire chaque jour de nouvelles personnes à se lancer dans la production de bière, soit en créant leur propre brasserie… soit en se lançant dans le brassage amateur !

Cependant, malgré cette Révolution brassicole indéniable, le brassage amateur reste une activité qui se pratique à petite échelle, généralement à domicile, pour le plaisir personnel ou celui du cercle familial et amical, et qui n’est pas réglementée dans de nombreux pays.

Cela rend difficile la collecte de données précises sur cette pratique, dû au manque de registre officiel ou de système de surveillance centralisé pour suivre l’activité.

Alors pourquoi, malgré un réel manque de données, nous est-il évident que le brassage amateur a le vent en poupe ? La réponse est simple : les entreprises, les événements, et même les politiques valorisent aujourd’hui cette pratique, l’incluant dans leurs discours et/ou dans leurs initiatives !

Des politiques récentes en faveur du brassage amateur.

Dès ses débuts en France, le brassage amateur était situé dans une zone grise : est-ce légal ? n’est-ce pas légal ? Est-ce que je risque quelque chose si je m’initie au brassage à domicile ? Dois-je me déclarer ? Des questions légitimes, étant donné qu’en France, la production d’alcool est strictement encadrée.

Tout producteur se doit de verser une taxe, les droits d’accise, proportionnels à la quantité d’alcool pur produite. Une taxe qui peut paraître normale pour une entreprise, mais qui l’est beaucoup moins pour un brasseur amateur, qui produit de la bière sur son temps libre. Il y a quelques années, les Douanes estimaient que le brassage amateur non-déclaré était en effet illégal, et que les brasseuses et brasseurs étaient dans l’obligation de se déclarer et de payer leur taxe. Toutefois, face au développement de la pratique, les Douanes ont commencé à appliquer un aveuglement bienveillant : d’où la confusion, et donc cette zone grise.

Mais depuis 2021 : le brassage amateur est bel est bien devenu légal ! Selon l’article 520 bis du Code général des impôts : « Les bières fabriquées par un particulier, en dehors de toute activité professionnelle, qui sont consommées par lui-même, les membres de sa famille ou ses invités sont exonérées d’accise à condition qu’elles ne donnent lieu à aucune vente »*. De quoi rassurer les brasseurs amateurs et confirmés, et les personnes en quête d’une nouvelle activité.

* Article 520 bis – Code général des impôts – Légifrance (legifrance.gouv.fr)

Des entreprises de plus en plus investies dans la vente de matériel amateur.

La popularité croissante du brassage de bière pour le loisir a entraîné une augmentation évidente du nombre d’entreprises proposant du matériel de brassage dédié aux amateurs. Les offres sont multiples, avec des gamme complète de produits, allant des kits de brassage débutants aux équipements plus avancés pour les brasseurs expérimentés.

Un large choix de fournisseurs est désormais à disposition des brasseurs amateurs, chacun proposant des produits uniques et des conseils adapter à tous les clients cherchant à produire leur propre bière, et ce dans les meilleures conditions. Le matériel en lui-même est en effet de plus en plus qualitatif et performant (et peut s’insérer dans votre cuisine !).

Des concours et des salons valorisant le brassage amateur.

Les grands événements brassicoles l’ont vite compris : miser sur le brassage amateur est une véritable plus-value ! Aujourd’hui, de plus en plus de salons sont, pour les brasseuses et brasseurs, des opportunités de rencontrer d’autres passionnés et de partager des conseils et astuces pour améliorer leur pratique. Les salons sont également de très bons moyens d’acquérir du nouveau matériel ! On pense notamment au Salon du Brasseur de Nancy, qui est le salon technique de référence pour les professionnels de la bière mais également pour les brasseurs amateurs.

De la même manière, les concours offrent aux brasseurs amateurs une plateforme pour présenter leurs créations, recevoir des commentaires constructifs et obtenir une reconnaissance pour leur travail : le Concours de brassage amateur du Collectif Rennais des amateurs de bière (CRAB), le Concours national de brassage amateur de la Saint-Malo Craft Beer Expo…

Interview : Jules Paumier, 24 ans, brasseur amateur.

Compte tenu du manque de données quantitatives et d’observations tangibles sur le brassage amateur, nous avons opté pour une approche simple et efficace : l’interview. Il va de soi que la meilleure façon d’obtenir des informations pertinentes est d’interroger directement l’un des principaux intéressés. Nous nous sommes donc tournés vers Jules, graphiste au sein de notre équipe chez Expertise Bière Conseil, et brasseur amateur ! Voici ses réponses à nos questions :

Q : Depuis quand brasses-tu ?

Jules : J’ai commencé le brassage amateur pendant le confinement en 2020, ça faisait un petit moment que j’y pensais et j’ai enfin pu y consacrer du temps durant cette période. Depuis, j’ai pu brasser une bonne dizaine de fois et je compte brasser plus régulièrement à l’avenir.

Q : Sur quel matériel as-tu commencé ? Et aujourd’hui, sur quel matériel brasses-tu ?

Jules : J’ai commencé avec un kit de brassage qui comprenait une dame-jeanne de 5L et des accessoires. Je brassais dans une grande casserole dans ma cuisine. J’ai maintenant un Grainfather G30 que je n’ai pas encore eu l’occasion d’utiliser, mais je prévois ça dans les prochains mois !

Q : Pourquoi avoir sauté le pas et décidé de brasser ta propre bière ?

Jules : Le processus de brassage m’intéressait depuis un moment et j’avais envie de créer mes propres recettes. En me lançant, j’ai pu partager encore plus ma passion pour la bière !

Q : Qu’aimes-tu dans tout ça ? Que t’apporte cette pratique ?

Jules : J’aime surtout le fait de pouvoir créer mes recettes et les partager avec mes proches. Le fait de présenter mes propres bières à mon entourage a créé de bons moments avec eux et une approche différente de la dégustation. J’apprécie beaucoup également le temps passé à brasser, qui demande une vraie implication. Une fois l’attente de la fermentation passée, la découverte du produit fini est une fierté et un accomplissement qui me donne beaucoup de plaisir. Pour une personne qui avait du mal avec la cuisine, le brassage amateur a été une toute nouvelle approche et un nouveau loisir me permettant de préparer un produit convivial.

Q : Fais-tu face à des contraintes ?

Jules : Pas vraiment, j’arrive à me bloquer le temps qu’il faut quand je prévois de brasser, et je réussis à dégager assez d’espace chez moi pour utiliser le matériel sereinement. Je n’ai pas eu de brassins infectés ou autres problèmes durant la fermentation car je suis toujours à 200% appliqué durant cette étape.

Q : Penses-tu que c’est une tendance de fond ? Ça a de l’avenir ? Ça va s’arrêter ?

Jules : Je dirais que c’est une activité qui a de l’avenir, mais je vois ça de mes yeux de passionné, et je vis avec un entourage qui est déjà en grande partie amateur de bière. J’ai de plus en plus de personnes curieuses dans mon entourage qui commencent à brasser, et ça m’arrive assez régulièrement de rencontrer de nouvelles personnes avec qui je partage cette passion. De mon point de vue, la communauté de brasseurs amateurs s’étend et chaque buveur de bière peut trouver sa raison de se lancer.

Q : Un conseil pour celles et ceux qui souhaitent se lancer dans le brassage amateur ?

Jules : Il faut prendre le temps de choisir son matériel pour débuter, en se posant les questions de budget, d’espace, de régularité ou non dans la pratique du brassage… Il est important de se sentir bien avec son matériel et dans son espace de brassage pour ne jamais considérer ces moments comme une corvée. Et bien sûr, le plus important est de prendre du bon temps, en partageant ses réussites et en explorant de nouveaux styles !

Le brassage amateur : une pratique qui a de l’avenir.

Ce que nous retiendrons du témoignage de Jules : le brassage amateur est une pratique axée sur la passion, la convivialité, qui procure de la fierté… et qui a de l’avenir ! Comme l’a évoqué Jules, de plus en plus de personnes se lancent dans le brassage amateur, partagent leur passion avec leurs proches mais aussi avec le monde entier, passion qui inspire ensuite de nouvelles personnes à se lancer dans cette pratique : c’est l’effet domino. De plus, les brasseurs amateurs connaîtront à l’avenir de plus en plus de reconnaissance, à travers les salons et concours qui valorisent leur activité.

Un accès facilité au matériel de brassage amateur permettra également au plus grand nombre de se lancer dans cette pratique, notamment grâce aux entreprises de matériel qui misent de plus en plus sur le brassage amateur.

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En somme : le brassage amateur est une activité prometteuse dont le développement ne fait que débuter. Nous espérons que des études plus poussées sur cette pratique verront le jour dans les années à venir, nous permettant de l’analyser en profondeur afin de mieux comprendre ses détails, ses enjeux, et ainsi de continuer à promouvoir cette activité.

Marion Blocklet

Cheffe de projet chez EBC Originaire du Nord de la France et fière de son patrimoine, Marion a suivi le renouveau de la filière brassicole de très près. Diplômée d’un Master de l’Université de Lille, elle maîtrise les grands sujets de la filière brassicole et ses enjeux territoriaux. Comme Clémence, elle gère l’opérationnel pour nos clients.

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